Le geste du mois de juin 2024 : la permaculture, un pas vers la résilience

Nous continuons notre série de « gestes du mois » brillamment illustrés par Chloé Sutter aux côtés de Capucine qui découvre et qui se passionne pour le jardin potager !

Pour revoir le premier geste du mois c’est par ici :

Les gestes du mois de mars 2024 : semer ses tomates

Nous voilà qu’elle fait la tête Capucine ! Et pourquoi n’a-t-elle toujours pas de récolte début juin ?

Parce que, contrairement à ses voisins, Capucine cultive en permaculture et quand on laisse la nature faire, qu’on ne laboure pas ou peu, qu’on prend le temps de nourrir le sol avec du paillage plutôt qu’avec des engrais, qu’on ne cultive pas sous lampe UV, ni dans une serre chauffée : ça prend du temps.

La permaculture, un équilibre à créer dans votre jardin

Quand vous prenez la décision de cultiver en permaculture, vous laissez une grande place à la nature et l’équilibre dans votre jardin se crée petit à petit. Les premières années, les récoltes ne sont pas forcément au rendez-vous, vous observez une explosion de la population de limaces et d’escargots, et puis, au bout de trois années, vous avez un bel équilibre et pratiquement plus besoin d’intervenir.

Comment ça marche ? La pierre angulaire de la permaculture c’est le sol : les plantes se nourrissent du sol, nous nous nourrissons des plantes… bref, tout part du sol !

Mais qu’est-ce qu’il se passe exactement dans le sol ?

Ce sont les bactéries – les vers de terre et autres décomposeurs – qui viennent décomposer la matière organique pour la transformer en nutriments assimilables par les plantes. En décomposant cette matière organique, la faune du sol va vivre sa meilleure vie : bouger, se reproduire, consommer, mourir, etc. Tout cela va créer des micro-aérations dans le sol, des nutriments en plus (cadavres, déjections, j’en passe et des meilleures !) pour rendre votre sol encore plus vivant et agréable pour les plantes.

Comment nourrir le sol ?

Pour favoriser la vie de votre sol, il va falloir le nourrir !

• En lui apportant du paillage, mais allez-y petit à petit ! Ce que vous mettrez au début ne se décomposera pas très vite, le temps que la faune du sol s’habitue et se reproduise pour en absorber davantage. Vous vous rendrez compte que votre sol est riche quand vous aurez un sol grumeleux, c’est-à-dire un sol avec de l’air.
• Profitez également de votre déménagement pour faire des lasagnes : des espaces riches et productifs. L’inconvénient de la lasagne c’est qu’il faut récupérer pas mal de matières (sèche et humide) alors oui, ça prend plus de temps que d’aller acheter du fumier en sac mais pas plus que de s’embêter à labourer (ce qui à terme n’est pas une bonne idée pour le sol).
• Devenez mettre dans l’art du compostage ! Choisissez un endroit de votre jardin pour installer votre futur compost, prévoyez deux bacs pour en avoir toujours un pour laisser votre compost mûrir et le deuxième pour continuer à y apporter vos déchets. N’oubliez pas de mélanger à chaque nouvel apport, votre compost pour obtenir un compost utilisable au jardin en moins de 6 mois ! Alors oui, tout cela prend toujours plus de temps que de mettre ses déchets à la poubelle et que d’acheter un sac de compost tout prêt pour amender votre potager.

Pour aller plus loin :

Le paillage

Apporter des nutriments à votre sol reste le point numéro un pour débuter en permaculture et pour créer son jardin résilient. Alors c’est sûr que ça prend plus de temps que de mettre un engrais à diffusion lente ou rapide directement sur votre terre. Oui. Mais cette solution n’est bonne que sur le court terme. Une fois que l’engrais aura fait son effet, il faudra recommencer sans quoi vos plantes vont tirer la tronche. Le vrai problème des engrais c’est qu’ils nourrissent la plante au lieu de nourrir la vie du sol : à terme vous risquez d’avoir un sol mort.

Quid de la production ?

Un jardin, ça ne se fait pas sans plant ! Si Capucine n’a pas eu ses récoltes tout de suite, c’est sûrement parce qu’elle a fait ses semis, qu’elle a respecté les dates sans les faire trop en avance, en les gardant au chaud chez elle ou dans une serre non chauffée et en les endurcissant petit à petit. Cela prend du temps, mais vous aurez de solides plants déjà adaptés au climat et qui repartiront plus vite une fois en pleine terre.

Alors oui, vos semis lèveront moins vite que si vous aviez utilisé des tapis chauffants ou une serre chauffée mais c’est nettement plus écologique, n’est-ce pas ? Eh oui, ça prend plus de temps que d’acheter vos plants mais à terme vous aurez des plantes parfaitement adaptées à votre climat (si vous récoltez et conservez vos propres graines).

Comme vous allez dans le sens de la nature sans utiliser des petits coups de pouce technologiques, si malheureusement le temps n’est pas au rendez-vous, vous risquez de patienter pour avoir vos récoltes et de vous retrouver comme Capucine début juin.

La permaculture, une productivité décuplée

Mais tout vient à point à qui sait attendre et on a bien remarqué que Capucine devait tout de même faire bonne figure !

Heureusement pour sa santé mentale et son orgueil, la vapeur s’inverse à la fin juin, mais pourquoi ?

Parce qu’elle a attendu, qu’elle a fait les choses dans le bon sens et qu’un équilibre ne se crée pas en un jour (comme Rome finalement).

Mettre en place un cercle vertueux…

Capucine a mis en place un cercle vertueux en portant une attention toute particulière au sol, en laissant le temps à ses plantes de germer et de pousser et en les installant sur un sol hyper productif qui va quadrupler ses récoltes par rapport à celles de ses voisins (mais ça, elle ne le sait pas encore).

Pour gagner du temps !

Elle gagne du temps parce qu’une fois que ses planches de cultures sont là, que son sol est bien nourri :

• elle ne va plus jamais à la déchetterie car elle se sert de ses résidus de taille et de culture pour pailler et en plus, la vie de son sol est de plus en plus riche donc son paillage est décomposé de plus en plus rapidement.
• elle va rarement en jardinerie car elle a son propre terreau : son compost.
• elle n’achète pas de produits pour lutter contre des bestioles indésirables car les limaces et les escargots qui se cachent sous le fameux paillage ont été repérés par leurs prédateurs qui ont enregistré votre adresse et l’ont élevé au rang de meilleur restaurant de la ville ! Staphylin, carabe, hérissons, lézards s’en donnent à cœur joie ! Ces derniers seront d’ailleurs attirés par votre super compost bien remué, véritable garde-manger à vers et larves divers et variés.

Et comme on finit toujours par récolter ce qu’on sème, voilà Capucine et Satya avec de gargantuesques récoltes, résultat de tout leur investissement au potager. Comme elles ont porté une attention particulière à chaque espace cultivé et qu’elles ont fait des lasagnes, c’est bien le quadruple de récolte qui les attend.

Que faire d’autres en juin ?

Ce n’est pas le moment de se reposer sur ses lauriers (et ce n’est pas Capucine qui va me contredire !). En juin, on s’investit pleinement dans l’été et on cherche à avoir d’abondantes récoltes en continuant de semer :

Mais juin c’est aussi le moment de préparer les récoltes du mois d’automne (vous savez, cette saison qu’on n’anticipe jamais parce qu’on est dans le ravissement de l’été). Alors on sème :

• Des choux d’été (brocolis, chou-fleur, chou rouge et chou rave) et d’automne (choux chinois, frisés et pommés) pour une récolte en octobre ;
• Des carottes d’hiver pour une récolte en novembre.
• Des poireaux pour une récolte en janvier, février.

Pour aller plus loin :

Trois trucs à faire au jardin en juin 2023

Cet article a été réalisé en collaboration avec Chloé Sutter, si vous voulez aller voir ses productions sur Instagram, c’est ici : https://www.instagram.com/sutter_chloe/ !