Agriculture syntropique. Comment créer un jardin syntropique ? 2. Mise en pratique

Créer le film de notre jardin

La culture syntropique nous enjoint à changer le regard que nous portons sur notre jardin. Il ne s’agit plus de créer un tableau figé qu’on veut voir durer des siècles en décidant où installer le potager, les arbres et nos plantes ornementales.

L’agriculture syntropique nous permet de créer un système qu’on peut décider d’exploiter aussi bien 6 mois que toute notre vie ! Après avoir déterminé quelle plante nous souhaitons récolter ainsi que nos plantes à biomasse (à tailler), il ne nous reste plus qu’à tout planter et semer en même temps.

C’est tout ? Non. Pour nous aider à créer ce film syntropique dans notre jardin, Ernst Götsch a mis en place une sorte de découpage technique pour nous aider à avoir une vision d’ensemble de notre écosystème et de ses stades d’évolution (placenta, secondaire et climax).

Vous ne vous rappelez plus ?

Le découpage technique

Voilà le tableau que l’intervenante Marieke Eckhaut nous a donné.

Le principe de la syntropie est de déterminer sur combien de temps on veut ce système, d‘occuper toutes les strates (basse, moyenne, haute, émergente) et de prévoir l’évolution des stades écologiques.

Pour mieux comprendre les principes généraux de la syntropie :

Il reste également à choisir nos cultures principales (celles qu’on veut récolter), nos plantes à biomasse (qui donneront des résidus de taille et enverront l’information aux autres plantes qu’il faut pousser) et nos productions secondaires (des plantes qu’on taille mais qui donneront quand même quelque chose).

Le jardin de Marieke, culture de petits fruits

Pour son jardin, Marieke, friande de petits fruits, a choisi cette culture qu’elle va booster grâce à la syntropie. C’est donc en accompagnant sa culture primaire d’autres plantes que Marieke va exploiter son jardin. Les autres végétaux seront destinés à être taillés et enverront comme information à ses cultures principales : « Il faut pousser ! ».

Sur combien de temps ?

Selon le tableau, Marieke décide de créer un écosystème sur toute sa vie et les générations à venir (60 ans et +).

Déterminer nos cultures principales

Les cultures principales de Marieke (en rouge) sont :

  • les caseilles et les poiriers.

Elle va les accompagner de plantes productrices de biomasse (destinées uniquement à être taillées) voir son plan ci-dessous :

  • des tournesols (variété Géant des jardins). Cette variété fait plusieurs têtes sur un même pied donc c’est intéressant pour la taille.
  • des fèverolles (un engrais vert).
  • du maïs de consommation (ça veut dire qu’on ne sait pas quelle variété c’est. Cela tombe bien on ne cherche pas à le récolter mais à le tailler).
  • du calendula.
  • de la glycine et du chèvrefeuille (c’est vrai que ce dernier, je l’ai depuis des années et il ne cesse de produire !).

Et encore :

  • des forsythias.
  • des gojis (il paraît que c’est une espèce envahissante ! Pourtant, chez mes parents, cette liane est restée toute petite !).

Bien sûr, vous pouvez choisir de récolter certaines plantes choisies pour la biomasse parce qu’à force d’être taillé, ça repousse de plus belle !

Des productions secondaires, destinées à être taillées aussi mais dans une moindre mesure, on compte récolter une partie :

  • Du buddléia blanc (bon pour les insectes celui-là, paraît-il, mais je n’ai pas trouvé l’information) qu’elle laissera fleurir.
  • De l’aronie noire (les baies sont comestibles) pour elle et pour les oiseaux.

Une fois tout ceci déterminé on plantera/sèmera tout au même moment. D’où l’importance de ce découpage technique qui nous permet de prévoir l’évolution des stades et des strates.

Exploiter toutes les strates en prévoyant l’évolution des stades

Dans notre système syntropique il y a donc 4 strates à exploiter. Au début du système comme tout est semé/planté en même temps, tout est bien sûr en strate basse. Le but du jardinier syntropique est de veiller à ce que toutes les strates soient occupées le plus vite possible et, en taillant, de conserver certaines plantes à telle strate.

  • Strate émergente : le tournesol qui grandit vite est prévu en strate émergente à moins de 90 jours. Le frêne le remplacera au bout de 3 ans seulement.
  • Strate haute : le maïs, qui grandit également vite, atteindra cette strate en un peu moins de 90 jours, puis, au bout de deux ans, il sera remplacé par le goji, le forsythia, l’aronie noire et le buddléia. Le poirier viendra compléter cette strate au bout de 3 ans.
  • Strate moyenne : il faut comprendre que toutes les plantes atteindront cette strate moyenne à un moment de leur croissance. C’est la glycine et la caseille josta qui prendront et resteront à cette place au bout d’une à deux années.
  • Strate basse : toutes les plantes débutent à cette strate mais c’est le calendula qui occupera cette place pendant 3 ans. La place sera laissée aux pousses naturelles du sol par la suite.
La lisière de la forêt et ses strates.

Qu’on se rappelle bien que tout doit être vert tout le temps pour nourrir les habitants du sol !

Le jardin partagé de La Passerelle, culture de légumes en syntropie : top départ mois de mai

Au jardin partagé, nous débutons l’expérience syntropique en mai. Marieke nous a bien sûr prévu en culture principale des légumes avec pour compagnie uniquement des plantes à biomasse (des fleurs et de l’engrais vert surtout).

Ici Marieke a prévu les plantes à biomasse en vert et les plantations primaires en rouge.

Sur combien de temps ?

Le test en jardin potager syntropique est prévu pour 1 an. Il n’y aura pas de phase climax puisque nous travaillons avec des plantes potagères donc qui ont une durée de vie limitée.

Déterminer nos cultures principales

Nos cultures principales sont :

  • les pommes de terre (elles étaient déjà sur la plate bande).
  • les tomates.
  • les haricots à rames et les haricots nains.
  • les choux.
  • les navets.
  • les épinards.

Nos plantes à biomasse :

  • les tournesols.
  • les maïs.
  • les fleurs.
  • les fèverolles.

Exploiter toutes les strates en prévoyant l’évolution des stades

Cette fois, nous avons tout semé sauf les navets, les épinards et les fèverolles qui seront semés en septembre.

  • strate basse : toutes les plantes au début du système puis les haricots nains qui y resteront le temps de leur production suivi par les épinards en novembre, décembre.
  • strate moyenne : les pommes de terre qui étaient déjà bien belles en mai. Après leur récolte, en juillet/août, les fleurs prendront le relais jusqu’en octobre pour être remplacés par les navets.
  • strate haute : le maïs et les haricots à rames qui atteindront cette strate courant juillet. Le maïs, plante à biomasse, a été semé par 6 dans le même trou !
  • strate émergente : les tomates et les tournesols qui atteindront cette strate fin juin. À partir de novembre nous n’aurons plus de strate émergente.

Mise en place le 21 mai 2022

  • D’abord nous avons désherbé la plate bande et gardé seulement les pommes de terre situées au centre.
  • à droite des pommes de terre et à 20 cm (il y a légèrement plus de place) nous avons semé une rangée de tournesols des jardins espacés de 20 cm.
  • à 20 cm de cette rangée de tournesols nous avons planté une rangée de tomates espacées de 40 cm et semé entre elles (20 cm) 5 à 6 graines de maïs dans le même trou !
  • à gauche des pommes de terre et à 20 cm nous avons semé alternativement du maïs par paquets de 6 et planté des tournesols tous les 20 cm.
  • Au pied de ces tournesols nous avons semé les haricots à rames.
  • à 20 cm de cette rangée nous avons semé des haricots verts nains tous les 20 cm par 5.
  • Pour finir nous avons parsemé de graines de fleurs sur toute la plate bande (je ne me rappelle plus lesquelles).

C’était curieux de semer si dense (bon de planter si rapproché, non) parce qu’on est toujours dans cette optique de une graine = une récolte alors que là, pour le maïs par exemple, quand les 6 auront levés on coupera le plus moche au bout d’un mois.

D’ailleurs dans la gestion de la taille en syntropie on taille d’abord les plants qui ne sont pas très beaux, comme ça le jardin finit par être constitué des plants les plus forts et les plus productifs !

J’ai hâte de voir ce que ça va donner. Déjà j’y suis retournée une semaine plus tard et ça pousse !

Le haricot à rames, semé par poquet de 4 à 6 graines, germe le 1er juin !

À bientôt pour un prochain article dans lequel je vous expliquerai les processus de taille quand tout commence à prendre de l’ampleur (c’est comme à la maison, il ne faut pas se laisser déborder) !

Note : 1 sur 5.

5 commentaires sur “Agriculture syntropique. Comment créer un jardin syntropique ? 2. Mise en pratique

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  1. Bonjour et merci,
    Étant domicilié dans le sud-ouest, grosse chaleur et sol pauvre(sable de plage), beaucoup de difficultés à faire pousser un potager productif, je ne travaille pas le sol depuis que je suis implanté sur cette parcelle (ancienne parcelle forestière pinède 7000m2). L’idée de départ est toujours de laisser reprendre la forêt des essences qui endémique dans cette région (Landes). En quatre ans la landes a donné de beaux résultats, chêne à profusion, châtaignier, robinier et beaucoup beaucoup beaucoup d’ajoncs(invasif selon la description mais hautement utile pour le démarrage d’une forêt).
    Vous m’avez ouvert l’esprit sur le jardin syntropique, une révélation pour moi et une grande remise en question.
    Pas d’eau à proximité, petit réservoir de mille litres donc un handicap certain comme dans le monde entier par ailleurs.
    Je souhaite préparer mes plates bandes pour le printemps prochain, puis je suivre la stratégie que vous venez de décrire plus haut et commencer par planter les feverolles dès ce mois d’octobre ? Puis je utiliser les branches des ajoncs comme paillage ? (quand il est sec il est effectivement très carboné).
    Je vous remercie des recherches que vous partagez et je puis vous assurer que je suis votre travail avec plaisir et assiduité.
    Cordialement
    Mr Delaunay

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour,
      Je vous remercie grandement pour votre message qui m’a beaucoup touché. Je suis heureuse de lire que le savoir que je partage est profitable à d’autres, c’est motivant !
      En effet, je vous invite à semer dès à présent un mélange de féveroles et de vesce pour couvrir et occuper votre sol et utiliser en complément les branches d’ajoncs finement coupées au sécateur (elles se décomposeront plus vite). Comme vous avez pas mal d’ajoncs sur votre terrain, cela vous fait un paillage disponible directement chez vous et ça c’est une richesse !
      N’hésitez pas à me donner des nouvelles de votre potager et à me poser des questions si vous en aviez.
      Je vous remercie encore grandement pour votre retour 🙂

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  2. Bonjour,
    Merci pour votre article. Les exemples de mise en pratique des principes de l’agriculture syntropique au potager sont rares. J’espère que vous publierez la suite, j’ai hâte de voir les différentes strates au différentes périodes, les distances de plantations et la taille.
    Bonne suite !!

    Aimé par 1 personne

  3. Bonjour,

    MERCI pour ces articles autour de la syntropie qui sont rares.

    Par contre, pourquoi les articles s’arrêtent au moment où les retours d’expérience sont le plus intéressants ?

    Comment a évolué le potager au cours de l’année ?

    Merci pour le partage

    J’aime

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