Les plantes bio-indicatrices, qu’est-ce que c’est ?

Avez-vous déjà entendu parler des plantes bio-indicatrices ? Il s’agit des « mauvaises herbes » de votre jardin qui sont porteuses d’informations importantes quant à l’état de votre sol.

En effet, ces plantes qui poussent sans demander votre avis sont un formidable indicateur de la santé de votre sol et de la manière dont il va évoluer si vous ne faites rien.

Des plantes indicatrices de votre sol

Il s’agit de comprendre votre sol par son couvert végétal.

Le sol est un énorme réservoir de graines qui n’attendent que les conditions idéales pour sortir.

Vous ne vous êtes jamais demandé comment telle ou telle plante arrivait dans votre jardin alors que vous n’aviez rien fait pour ? C’est simplement qu’elles y ont trouvé votre sol propice à leur germination.

Vous pestez constamment contre votre terre trop argileuse ou trop calcaire ? Vos adventices sont là pour vous dire comment l’améliorer.

Rappelez-vous, dans les objectifs du mois de juin 2021, je vous parlais de la bio-indication du laiteron maraîcher (Sonchus oleraceus) qui avait poussé spontanément dans tous mes pots !

Gérard Ducerf, expert en plantes bioindicatrices

C’est Gérard Ducerf qui a découvert qu’étudier les plantes spontanées pouvait avoir un intérêt pour comprendre le sol.

Après avoir été agriculteur, Gérard Ducerf est devenu botaniste. En travaillant avec les agriculteurs qui souhaitaient obtenir une étude de leur sol, il s’est rendu compte que la même séquence de plantes revenait sur telle ou telle exploitation et amenait irrémédiablement à une forte dégradation du sol. C’est à partir de cette observation que Gérard Ducerf a découvert que les « mauvaises herbes » permettaient de prévoir des dysfonctionnements avant qu’ils ne se manifestent ou qu’il ne soit trop tard pour y remédier.

Les adventices présentes sur cette parcelle indiquent l’état de santé du sol

Vous le savez bien, les plantes sauvages poussent partout mais, bonne nouvelle, vous pouvez les étudier vous aussi ! L’étude des plantes bioindicatrices n’est pas seulement cantonnée aux grandes exploitations et peut, au contraire, s’avérer très utile à l’échelle de nos jardins pour nous aider à mieux connaître la vie de notre sol.

La bioindication de notre jardin, pour quoi faire ?

En regardant la dominance de certaines plantes on peut en déduire les conditions de notre sol, la dynamique de celui-ci et les premiers gestes à effectuer pour l’améliorer.

Avec l’étude des plantes bioindicatrices vous n’aurez plus à vous désespérer de voir vos adventices monter à graines car, si vous modifiez leur milieu (en passant la grelinette par exemple), il est fort probable qu’elles ne reviendront pas. Une plante gênante ? Il suffira de connaître les conditions de sa germination et d’en changer le contexte.

Toutes les plantes ne germent que si toutes les conditions qu’elles recherchent sont réunies. Elles vont donc nous renseigner sur :

  • la fertilité de notre sol ;
  • sa structure (compact, aéré…) ;
  • sa texture (trop argileux, trop sableux) ;
  • ou bien encore son pH.

La nature tendra toujours à retrouver son équilibre : les plantes que nous voyons apparaître sont déjà là pour répondre au problème du sol.

Le but du jardinier sera d’accélérer le processus de la nature en l’y aidant.

Trois grands exemples de plantes bio-indicatrices

Vous avez hâte d’étudier vos plantes bio-indicatrices chez vous et de savoir ce qu’elles disent de votre sol ? Voici trois exemples de plantes communes de nos jardins qui, présentes en majorité, indiquent trois types d’évolution de sol différente :

  • Le mouron blanc (Stellaria media) – fleur ci-contre – indique une terre équilibrée : votre sol est parfait.
  • La ficaire (Ranunculus ficaria) est le témoin d’un engorgement des sols en eau. Votre sol manque d’air, donc la matière organique ne peut pas être décomposée et les plantes ne peuvent pas se nourrir. La solution ? Aérez le sol.
  • Le liseron des champs (Convolvulus arvensis) est révélateur d’un sol qui contient trop de nitrite, qui manque d’air et qui n’est pas assez couvert (lessivage). Conséquence ? La chaîne de la décomposition ne peut plus se faire et à terme les plantes ne peuvent plus se nourrir. La solution ? Installez un paillage riche en carbone (broyat par exemple) pour vous débarrasser de l’azote en excès et couvrez le sol.

Comment faire votre propre relevé de plantes bio-indicatrices ?

Vous pensez qu’il est nécessaire d’avoir de grandes connaissances botaniques ? La plupart du temps, vous savez reconnaître les « mauvaises herbes » que vous arrachez ou au moins les distinguer de vos plantes cultivées.

Néanmoins, si vous avez un doute sur la détermination d’une plante vous pouvez utiliser l’application Pl@ntNet ou Flora Incognita (cette dernière, plus professionnelle, a ma préférence).

  • Première étape : déterminer la plante qui est présente en majorité chez vous. Au moins 70 % de l’espace occupé par ce type de plantes.
    • L’ortie (Urtica dioica) par exemple, ci-contre.
  • Deuxième étape : relevez deux ou trois plantes fortement présentes également mais dans une moindre mesure
    • Du grand plantain (Plantago major) et du pissenlit (Taraxacum officinale) ci-contre.
  • Troisième étape : analysez vos relevés en consultant le net ou L’Encyclopédie des plantes bio-indicatrices de Gérard Ducerf.
    • L’ortie (Urtica dioica) indique un sol trop riche avec de la matière organique qui a du mal à se dégrader.
    • Le grand plantain (Plantago major) ci-contre et le pissenlit (Taraxacum officinale) indiquent tous deux un sol qui manque d’air (piétinement). Le pissenlit est indicateur d’un sol riche voire trop riche avec une partie de la matière organique que le sol ne digère plus.
  • Quatrième étape : agissez ou non pour améliorer votre sol.
    • Avec notre exemple, le but est de stopper l’indigestion du sol en matière organique et de lui apporter de l’air. Arrêtez de mettre des engrais pendant un moment et passez un coup de grelinette pour apporter de l’air à votre sol.

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Surtout rappelez-vous qu’une plante ne pousse jamais par hasard, elle a son rôle à jouer à cet endroit-ci de votre jardin et ne doit pas être arrachée à tout prix.

Vous désirez plus d’articles de ce type ? Laissez-moi des étoiles !

Note : 1 sur 3.

Pauline Sutter


Images par Erik Tanghe, F1 Digitals,  S. Hermann & F. Richter, István Kopeczny , Ulrike Mai et moi-même Pauline Sutter

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